Comment se Protéger et protéger ses patients contre la Covid-19

Depuis le début de la crise sanitaire, le monde a complètement  changé et de manière irréversible,  toutes les professions médicales vont devoir s’adapter afin de protéger les patients et l’équipe soignante.

La pratique dentaire est reconnue à haut risque de transmission du Covid-19. Les aérosols sont les vecteurs principaux de contamination vers les voies aériennes supérieures et les yeux, portes d’entrée du virus. Nous tous sommes désormais conscients de devoir changer nos procédures de traitement en intégrant des mesures de sécurité optimales, au-delà de ce que nous avions mis en place depuis longtemps.

Des mesures sont à retenir en dentisterie pour la reprise des soins en minimisant le risque de contamination ;

* Identifier les patients à risque contaminant

* Espacer les rendez-vous pour éviter un surnombre.

* Respecter les mesures de sauvegarde en distançant les patients en nombre compatible avec l’espace disponible.

* Mettre en place des systèmes de purification d’air à l’accueil et dans les salles de soins.

* Diminuer la production d’aérosol : utiliser la digue ou tout système de champ opératoire équivalent.

* Bain de bouche préopératoire : peroxyde d’hydrogène ou Bétadine.

* Porter des masques FFP2 au minimum ou, idéalement, FFP3 lors de procédures émettrices d’aérosols avec des patients à haut risque, sur-blouses jetables en propylène pour soigner les patients à risque, visières pour toutes les procédures de soins.
* Lavage méticuleux des mains.

* Prévoir un certain temps entre les rendez-vous pour nettoyer les surfaces supplémentaires dans les cabinets et tous les espaces fréquentés par les patients.

Aspirations à haute performance (AHP)

L’aspiration à haute performance (AHP), est utilisée par la plupart des cabinets dentaires.
Les pompes à salive ont un diamètre nettement inférieur et ne sont pas efficaces pour éliminer les aérosols, leur utilisation devrait donc être limitée dans notre pratique quotidienne, à moins d’être associée à une AHP. En ce qui concerne les détartrages, une assistance, est recommandée pour manœuvrer de manière appropriée l’AHP.

Le champ opératoire (digue)

La digue permet d’isoler la cavité buccale, de ce fait la quantité d’aérosol est considérablement réduite, il serait donc approprié de l’utiliser pendant tous les soins générateurs d’aérosols. En ce qui concerne les détartrages il est suggéré d’utiliser la technique de digue ouverte.

Bain de bouche préopératoire

D’après certaines études les bains de bouches de 60 secondes à base de peroxyde permettent de diminuer la charge virale et de désinfecter la gorge. Aussi, les bains de bouches antimicrobien de 60 secondes permettent de réduire significativement la quantité de micro-organismes dans les aérosols produits pendant les actes dentaires. Une autre option serait d’utiliser un bain de bouche à la povidone iodée comme la Bétadine.

Qualité de l’air

Il a été démontré qu’une bonne ventilation peut considérablement réduire la propagation d’une infection transmissible par l’air. Diverses études ont montré que les systèmes de purification de l’air réduisent la quantité d’aérosols produite notamment pendant l’utilisation des ultrasons ou de la turbine ainsi qu’au cours des avulsions dentaires. 

Le principe est non seulement de filtrer l’air mais aussi de détruire bactéries et virus, ce qui est le cas avec certains appareils particulièrement adaptés.

Les appareils efficaces contiennent : des préfiltres, des filtres à air à haute efficacité, des filtres à charbon actif, ou des lampes à rayons ultra-violets.


Les équipements de protection individuelle (EPI)

  • Les masques chirurgicaux

Ce sont les masques que nous utilisons de manière quotidienne en dentisterie. L’extérieur est étanche et protège l’utilisateur contre les éclaboussures et les grosses gouttelettes. Ils ne protègent pas des agents infectieux transmissibles par l’air comme le coronavirus. Toutefois, porté par une personne contagieuse, un masque chirurgical permet de protéger son entourage proche.

  • Les masques à filtre de particules

Ces masques préviennent l’inhalation d’aérosols, de gaz et de vapeurs potentiellement dangereuses. Ils peuvent protéger l’utilisateur des agents infectieux transmissibles par l’air comme le coronavirus, à condition qu’ils soient bien ajustés.

Les FFP1 sont les masques les moins filtrants. Leur pourcentage de filtration des aérosols est au minimum de 80 % et leur pourcentage de fuite vers l’intérieur d’un maximum de 22 %. Ces masques protègent surtout de la poussière. Ils sont en général utilisés pour des travaux de bricolage.
Les FFP2 : leur pourcentage de filtration des aérosols est au minimum de 94 % et leur pourcentage de fuite vers l’intérieur d’un maximum de 8 %. Ils sont utilisés dans le bâtiment, l’agriculture et par les professionnels de santé contre le virus de la grippe. Ils sont actuellement utilisés pour protéger contre le coronavirus.

Les FFP3 : ce sont les plus filtrants des masques de type FFP. Leur pourcentage de filtration des aérosols est au minimum de 99 % et leur pourcentage de fuite vers l’intérieur d’un maximum de 2 %. Ils protègent contre les particules les plus fines, comme l’amiante.

  • Les visières de protection ou écrans faciaux

Les visières ne doivent pas être utilisées seules car elles n’ont pas de joint périphérique. Mais elles sont parfaitement justifiées en complément d’un masque adapté afin de protéger des aérosols et des éclaboussures.

  • Les surblouses

Il a été montré que les surblouses chirurgicales faites de propylène non tissé ont des propriétés d’adhérence du virus significativement réduites comparées à des combinaisons traitées chimiquement. 

Les surblouses et les combinaisons sont classées en fonction de leur efficacité barrière protégeant de la pénétration des fluides sous certaines pressions.

Comment enfiler et retirer les surblouses

* Le lavage des mains est à faire avant d’enfiler les EPI. La séquence de revêtement des EPI est la suivante :

  1. le tablier ou la surblouse,
  2. le masque,
  3. les lunettes ou la visière,
  4. les gants.

* La séquence pour retirer les EPI est la suivante :

  1. les gants,
  2. le tablier ou la surblouse,
  3. les lunettes ou la visière, le masque.

Le lavage des mains doit être fait immédiatement après avoir retiré l’ensemble de l’EPI.

L’évaluation des patients à risque

Dépister les patients à risque avéré ou potentiel est indispensable.

Un indice est la prise de température, de préférence à l’aide d’un thermomètre frontal sans contact.

  1. Avez-vous de la fièvre ou avez-vous eu de la fièvre au cours des 14 derniers jours ?
    2. Avez-vous récemment eu des symptômes respiratoires comme des difficultés à respirer ou une toux au cours des 14 derniers jours ?
    3. Avez-vous été en contact avec une personne diagnostiquée porteuse du Covid-19 au cours des 14 derniers jours ?
    4. Avez-vous été en contact, au cours de ces 14 derniers jours, avec des personnes provenant de zones récemment déclarées infectées ?
    5. Avez-vous été en contact rapproché avec au moins deux personnes ayant eu de la fièvre ou des symptômes respiratoires avérés au cours des 14 derniers jours ?
    6. Avez-vous récemment participé à des rassemblements ou des réunions ou eu des contacts rapprochés avec des personnes que vous ne connaissiez pas ?À la fin du questionnaire de filtrage, si le patient a répondu oui à une des questions et que sa température corporelle est inférieure à 37.3°C, décaler le rendez-vous de 14 jours après la date d’exposition.

Si le patient a répondu oui à une des questions et que sa température corporelle est égale ou supérieure à 37.3°C, décaler le soin et suivre les recommandations récentes en matière d’isolement. Si le patient répond non à toutes les questions et que sa température corporelle est inférieure à 37.3°C, le soin peut être effectué.

L’environnement au sein du cabinet

  • Il est peu probable que nous voyions de sitôt un afflux de patients dans nos salles d’attente.
  • Il sera vraisemblablement recommandé de faire appliquer les mesures de distanciation sociale de 2 mètres minimum entre les réceptionnistes et les patients et entre les patients eux-mêmes, et de ne laisser entrer qu’une seule personne à la fois.
  • Des solutions hydroalcooliques doivent être disponibles dans l’ensemble du cabinet.
  • Adapter les séquences de rendez-vous en les espaçant et faire des ajustements dans les agendas est inévitable, de même il est recommandé de pratiquer les soins en décalage dans les différentes salles de soins.
  • Les systèmes et procédures de nettoyage et de stérilisation au cabinet dentaire permettent une lutte efficace contre la contamination croisée et sont déjà très règlementés.
  • Mais il faudra peut-être prévoir plus de temps après chaque patient pour désinfecter de façon encore plus exigeante le cabinet, avec le nettoyage des surfaces habituelles, et ajouter à cela la désinfection des poignées de porte, ordinateurs, sièges, bureaux…